L'Antre d'un poulpe

Films en vrac (novembre 2020)

· Grishka

Longtemps jadis, sur le (regretté ?) Blog Bazar, je me faisais une joie d’écrire sur les films. Aujourd’hui, j’aime toujours en parler, mais moins écrire dessus.

Mais récemment je me suis pris d’une visionnite aiguë entre 2 séries, ce qui m’a permis de rattraper quelques pellicules jamais vues (6) et d’en revoir une. C’est l’occasion rêvée pour un format court (spolier, c’est raté) et en vrac, sans ordre particulier.

Avertissement
⚠️ SPOILER DROIT DEVANT ! ⚠️

Affiche du film « Enola Holmes »
Affiche du film

Enola Holmes

Avant même de connaitre le Pitch, c’est le casting qui m’a attiré vers celui-là, Millie Bobby Brown et Henry Cavill en tête ! Damn you Netflix…

Enola Holmes est l’adaptation du premier roman de la série Les Enquêtes d’Enola Holmes de Nancy Springer. L’héroïne se trouve être la sœur cadette de Sherlock et Mycroft Holmes. Sa mère, Eudoria Vernet Holmes (Helena Bonham Carter) lui prodigue une éducation pour le moins non conformiste jusqu’au jour de ces 14 ans… où elle disparait.

Sans rien dévoiler d’une double intrigue qui se veut gentiment maline sans être retorse (on reste sur un film jeunesse après tout), l’ensemble se tient bien. Le côté pétillant de l’histoire repose principalement sur la très bonne performance de la jeune Millie qui m’amuse beaucoup, sans compter sur un rythme bien dosé et la propension du personnage à régulièrement briser le 4e mur. Plus que les apartés, ce sont les quelques regards silencieux qu’elle lance au spectateur qui fonctionnent assez bien.

Les autres personnages ne sont pas en reste, Sherlock profitant des traits du toujours impeccable Henry Cavill. On en vient à se demander s’il arrivera à nous décevoir un jour celui-là. Bonham Carter s’en tire bien, mais surprend moins, tandis que Sam Claflin endosse un Mycroft assez détestable. Pour les gourmands, on profitera également de la présence d’Owen de Burn Gorman dans un rôle de psychopathe sur mesure.

Pour résumé, un bon moment assez fun, servie par des acteurs bien trouvés, une réalisation efficace bien que dépourvue de grands moments de cinéma et une histoire qui se laisse suivre. Je lui reproche tout juste son approche un peu simple et « gros sabot » de certaines thématiques, mais parfois ça fait du bien quand on n’a pas à démêler plusieurs niveaux de lecture. Et puis, est-ce que ça peut faire du mal de voir une jeune fille lutter et échapper à l’influence de son oncle antiféministe, se montrer plus maline que son frère détective et faire preuve d’une solide indépendance ?

J’espère que le film a suffisamment bien marché pour que les livres suivants soient également adaptés.


Affiche du film « Shazam! »
Affiche du film

Shazam !

Si j’ai attendu aussi longtemps pour voir Shazam !, c’est bien parce que je n’en attendais rien, mais alors pas l’ombre d’un intérêt vaguement distant par une nuit brumeuse. Quelque peu douché par la bande annonce, ainsi que par l’hydre Justice League (vivement le Snyder Cut !) et par la direction prise par Aquaman, j’ai longtemps gardé le film à portée de main, mais pas trop près quand même.

Las, la location du film s’est retrouvée en promo et j’ai craqué. Et ce n’était pas plus mal ! Le film s’est révélé être une bonne surprise, imparfaite, mais bien plus intéressante que prévu. Comme quoi, il m’arrive bien d’avoir des aprioris peu inspirés.

Shazam ! s’inscrit dans l’univers partagé DC (Man of Steel, Batman V Superman, Wonder Woman, Aquaman et, oui, Suicide Squad). Mais là où la saga a commencé sous des hospices assez sérieux et réalistes, le film joue les équilibristes et tente une approche plus proche du côté gentiment con d’Aquaman. Nous suivons les pas de Billy Baston, ado malin mal dans sa peau qui passe de famille d’accueil en famille d’accueil avec la volonté claire de retrouver sa mère, au dépens de ses relations et de sa scolarité.

Billy va se voir confier un grand pouvoir : lorsqu’il prononce le nom « Shazam », il se transforme en super héros adulte bien costaud. Si le jeune est incarné par un Asher Angel jusqu’ici inconnu, le super héros prend les traits de Zachary Levi. Le choix fait sens, puisque Shazam ! délaisse le traitement sombre de ses ainés au profit d’une comédie super héroïque assumée.

La bande-annonce me laissait craindre une production potache, simpliste et inintéressant au possible. Ce qui m’apprendra à faire confiance à un trailer, Warner ne sachant visiblement pas comment vendre son projet.

Finalement le film est assez fun, trouve un équilibre intéressant entre l’aspect comédie et des thématiques plus sombres qui donnent du volume à ses personnages. Côté réalisation c’est… lisse, disons. Il y a des moyens, du spectacle… mais ce n’est pas le plus excitant. Les scènes d’actions sont génériques et plutôt accessoires. L’intérêt du film repose finalement sur ses enjeux les plus terre à terre et ses protagonistes.

Mais… il y un gros, MAIS. Une partie de l’histoire qui, pour moi, ne fonctionne pas du tout, c’est tout ce qui tourne autour de la quête de Billy pour retrouver sa mère. De l’abandon nait un trauma alléchant, même si classique, qui fait la substance du personnage et de son parcours. Mais la résolution de cet arc est… nulle ? Difficile de dire si c’est le jeu d’acteur, le montage, l’écriture, l’irréalisme de cette histoire ou tout à la fois, mais il m’a été impossible d’y croire. Et c’est dommage, car même si cette scène est assez courte, elle joue un rôle moteur pour le dernier tiers du film.

Au passage, j’envisage de lancer une pétition pour qu’ils arrêtent de filer des rôles de méchants chauves à Mark Strong, ça devient gênant.

Sorti de ça, le film se regarde avec plaisir du moment qu’on ne cherche pas grand-chose de plus qu’un moment détente, agrémenté de beaucoup de clins d’œil appuyés aux autres personnages DC, jusque dans la scène finale.


Affiche du film « Bird Box »
Affiche du film

Bird Box

Ça fait longtemps que j’avais vu la bande-annonce sur Netflix et le film patientait tranquillement dans la liste de lecture depuis. D’ailleurs, c’est sans doute parce que je ne savais pas très bien comment classer le genre du film qu’il a attendu si longtemps.

Le début emprunte au Phénomène de M. Night Shyamalan : soudainement, les gens commencent à se suicider sans raison apparente. Là où l’ainé s’embarquait dans une vague explication « Gaïa Vs the World » avec la Nature qui trouvait un moyen de se débarrasser des humains, Bird Box part dans un autre registre : ces suicides sont provoqués par la vision de créatures inconnues.

On suit Malorie (Sandra Bullock), enceinte, qui va devoir survivre dans ce cauchemar mondial. Rapidement confinée dans une maison avec un groupe hétéroclite de personnages, l’histoire se déroulera sur 5 ans.

Première bonne surprise, le film adopte un montage alternant les débuts de « l’épidémie » (faute d’un meilleur mot), avec 5 ans plus tard un voyage qui s’étale sur 48h. Un coup classique qui permet un rythme intéressant, avec des ambiances et décors différents : resserrés et urbains d’un côté, naturels, ouverts et sauvages de l’autre. Si le danger est toujours palpable, cette fuite, ou plutôt ce retour à la nature, ne sert aucun sous-texte particulier. À une époque ou le réchauffement climatique est un sujet majeur, c’en est presque surprenant.

Ensuite, Sandra Bullock assure le job. J’avais peu de doute sur le sujet, mais comme je l’ai finalement vu assez peu depuis Gravity, c’est toujours rassurant de voir un rôle aussi bien tenu. Les personnages secondaires sont sympas, mais trop stéréotypés. Je trouve que c’est un travers récurrent sur ce type de construction : il faut caractériser chaque personnage, avec des traits forcés et surexploités. Alors, oui, John Malcovich est toujours impeccable en conard prétentieux, mais la mécanique du groupe devient dans son ensemble extrêmement prévisible.

Des créatures, nous ne saurons rien. C’est pas plus mal, car ce n’est pas le sujet du film. Il y a ici et là quelques idées de mise en scène qui permettent de signaler leur présence. Ombre indéfinie, l’excellente utilisation des détecteurs de proximité d’une voiture, le bruit, le fait que chaque « intervention » s’accompagne d’une coup de vent ondulant la végétation autour. Ce dernier point est malheureusement surexploité et finit presque par en montrer trop (sans jamais rien montrer, paradoxalement). Permettre au spectateur et aux personnages du film de situer trop souvent les créatures, de donner une direction et une vitesse à leurs mouvements, transforme des scènes de tension et d’épouvante en simple fuite/action.

Mais qu’importe, ça fonctionne quand même drôlement bien dans une poignée de scène, celles dont on se souvient une fois le générique de fin terminé. Le cœur de l’histoire repose ailleurs. À la manière de Shazam ! qui traite ses scènes d’actions super héroïques comme un passage obligé peu intéressant, Bird Box s’appuie intégralement sur le parcours de son héroïne, notamment incarné par sa relation aux autres et à son enfant à venir.

Sans atteindre le génie d’un It Follows dans la réalisation et le traitement de l’invisible, sans se hisser au niveau de Children Of Men pour le propos et le parcours de son personnage principal, Bird Box reste chouette. Un pan du film n’est pas idéal pour se changer les idées en période de confinement, soit, mais c’est un cap à passer. Je trouve quand même qu’il est un peu long et aurait mérité de perdre une vingtaine de minutes au montage pour être plus digeste. Je ne peux terminer sans mentionner l’excellente bande-son atmosphérique de Trent Reznor et Atticus Ross. Si vous connaissez ces deux-là, vous savez à quoi vous attendre. Si ce n’est quelques passages un poil anxiogènes, ça passe très bien en fond pour bosser.


Affiche du film « Godzilla II : Roi des monstres »
Affiche du film

Godzilla 2 : Roi des monstres

J’entretiens une relation particulière avec Godzilla. J’ai découvert le lézard avec le film de Roland Emmerich en 1998. Après l’effet waooo (pardonnez-moi, j’étais jeune), j’ai quand même réalisé que c’était globalement un très mauvais film doublé d’un très mauvais Godzilla.

Par la suite, j’ai appris à connaitre la bête au travers de quelques anciens films japonais. Je suis encore loin d’avoir tout vu, mais il y a là du très très bon. Puis est venu Godzilla Final Wars, le film japonais des 50 ans de la saga. Un film que j’ai depuis revu plusieurs fois, sans jamais trouvé comment l’expliquer ni le résumer : je vous invite à tenter l’expérience, c’est particulier. Mais fun. TRÈS FUN, dans le sens nanardesque^10.

Quand Gareth Edward nous propose sa vision en 2014, je me suis retrouvé bien embêté. Il présente quelques qualités indéniables : un récit à hauteur d’homme, plusieurs propos plus ou moins évidents et un magnifique Godzilla. Mais il oublie que son héros, c’est justement lui. Alors qu’on passe le film à suivre plusieurs personnages, le Roi des monstres ne se dévoile que peu à peu avant d’être réellement exposé sur la fin. Quelle déception ! Notons que la production n’avait que les droits du lézard, et non d’autres créatures de la saga. Ils ont alors créé un ennemi de toute pièce avec les gigantesques MUTOs.

Godzilla 2 : Roi des monstres (je vais utiliser G2, ce sera plus simple) en est la suite directe. La scène d’exposition commence d’ailleurs pendant la bataille finale du précédent film et permet d’exposer les nouveaux héros. On verra tout de même revenir 3 personnages du premier, histoire d’assurer la filiation.

Tout commence par une baston entre monstres et un drame familial au milieu. La famille Russel perd un enfant et cet événement aura un impact important par la suite. Le père (Kyle Chandler) s’exilera dans des coins paumés pour surmonter son deuil, tandis que la mère (Vera Farmiga) et la fille (Millie Bobby Brown, tient donc) vivent ensemble, la première étant une scientifique travaillant pour la société Monarch.

On apprend que depuis l’apparition de Godzilla il y a quelques années, Monarch a trouvé et isolé d’autres titans. D’ailleurs, si comme moi vous n’avez pas vu Kong : Skull Island, il va falloir s’y mettre : les deux films partagent en effet le même univers et entrerons en collision frontale avec Godzilla Vs Kong, prévu pour 2021. Bref, alors qu’elles utilisent un appareil révolutionnaire pour calmer une chenille géante réveillée de mauvais poil, la mère et la fille sont interrompues par un écoterroriste incarné par l’impeccable, mais convenu, Charles « Tywin Lannister » Dance qui les kidnappe.

Monarch va alors chercher le père : non seulement sa famille est en danger, mais il avait participé à la conception de l’appareil révolutionnaire. Le groupe (eco)terroriste entreprend pour sa part de s’attaquer à un autre bunker pour éveiller le « Monstre 0 », nul autre que King Ghidorah, le dragon à 3 têtes !

Là, personnellement, j’ai la banane. Car la production a récupéré les droits des autres monstres et s’en donnera à cœur joie jusqu’à la fin du film : Mothra, Rodan et même les MUTOs du premier opus.

Premier constat, ce G2 n’est pas un très bon film. D’un strict point de vue de la réalisation, il est même moins bon que le premier.

Deuxième constat, ce G2 est infiniment plus fun et engageant que le premier. C’est simple, Godzilla est à nouveau le héros du film. Les monstres sont mis en scène avec amour : tout est fait pour les rendre majestueux, gigantesques, magnifiques. Ils sont le cœur et la substance du film, pour les fans, c’est génial.

Bon, il faut tout de même fermer les yeux sur une ou deux incohérences. Et surtout accepter qu’enfin cette saga américaine embrasse la mythologie Godzilla sans condition, avec ce qu’elle a de magnifique et kitch à la fois (parce qu’on va parler d’anciennes civilisations, d’alien et d’équilibre entre super-prédateurs, oui messieurs dames). C’est justement ce qu’il manquait au premier

J’ai pris beaucoup de plaisir devant le film, un plaisir de gosse, un plaisir coupable. Bien sûr ça pourrait être mieux. Le noyau de tragédie familiale avait un potentiel tout Spielbergien pour apporter une sensibilité particulière à la partie humaine de l’histoire, mais n’est pas Steven qui veut, ça reste globalement assez classique et peut engageant. Le montage est par moment aux fraises avec quelques séquences peu lisibles. La musique de Bear McCreary est chouette, mais 24h après je suis parfaitement incapable de siffloter ne serait-ce qu’une fraction d’un thème principal marquant.

Mon moi jeune (il existe, promis) trépigne à l’idée de voir King Kong se mettre sur la gueule de Godzilla. Sauf accident, ce ne sera pas un grand film, mais ce sera un chouette film (et pour être honnête, je les aime autant que les grands).

Et je ne peux que rêver de ce que pourrait faire un Guillermo Del Toro avec un tel matériau…


Affiche du film « Sherlock Hommes: a game of shardows »
Affiche du film

Sherlock Holmes : Jeu d’ombres

Seul film de la sélection que j’avais découvert en salle à sa sortie. Il s’agit de la suite du film de 2009 avec les mêmes acteurs et (hélas) toujours réalisé par Guy Ritchie.

Sherlock est toujours incarné par Robert Downey J^r et son acolyte John Watson par Jude Law. On appréciera l’arrivée de Noomi Rapace même si son personnage n’apporte strictement rien à la dynamique du duo principal, elle reste un contrepoids intéressant et une actrice avec une certaine présence.

On y retrouvera également la némésis Moriarty derrière les traits du génial Jared Harris. J’adore cet acteur. Pour le reste, rien de bien palpitant. Le film repose toujours sur 2 grands piliers : le traitement moderne d’un film d’époque et les cabotineries (je vous confirme que ce mot n’existe pas) des deux acteurs principaux. Globalement ça fonctionne, oui, mais je n’accroche pas à la méthode utilisée pour montrer les facultés de Sherlock. Ces passages, comme d’autres, sont beaucoup trop dynamiques avec une caméra trop mobile et peu lisible. D’ailleurs, Moriarty n’est pas non plus bien mis en valeur, et le frère Mycroft aurait mérité un traitement plus sérieux. Ne vous méprenez pas, j’adore Stephen Fry, mais il y a comme un décalage entre les deux personnages et l’univers.

Restons simples : pas un mauvais moment, mais pas un grand souvenir non plus. Probable que je ne cherche jamais à le revoir.

Il y a par contre quelques rumeurs d’un 3e épisode à venir… pourquoi pas ?


Affiche du film « À couteaux tirés »
Affiche du film

À couteaux tirés

Celui-là je voulais le voir dès sa sortie, mais la vie étant ce qu’elle est, j’ai manqué le coche. Qu’à cela ne tienne, j’ai enfin pu voir cette murder party fort sympathique.

Un Agatha Christie moderne, voilà qui permet de cerner le projet. Alors qu’une famille bourgeoise se réunit autour de l’anniversaire du patriarche, ce dernier meurt. Évidemment, la galerie de personnage est très variée et délicieusement relevée. Là où je râlais sur la caractérisation grossière des seconds couteaux de Bird Box, le principe est ici non seulement parfaitement adapté, mais également bien mieux appliqué.

Un célèbre détective, Benoit Blanc, se retrouve embarqué dans l’histoire pour démêler tout ça et trouver le coupable. Excellente interprétation de Daniel Craig, que je n’aurais pourtant pas vu dans ce type de rôle de prime abord. Mais il se montre pourtant parfaitement à l’aise, avec un accent génial (à l’audio seul, j’aurai été incapable de le reconnaitre).

Sur le fond, le film se plait à détricoter les poncifs du genre. Rien de particulièrement original, mais un ensemble bien ficelé qui dépasse la somme des parties. Le spectateur saura par exemple très rapidement ce qui est arrivé à la victime. Alors qu’un épisode typique de Columbo s’amuse à donner la réponse puis à montrer comment l’inspecteur arrive à trouver la vérité, À couteaux tirés joue sans cesse avec son matériau et cette approche assez ludique assure l’adhésion du spectateur, la mienne du moins.

Ce tableau déjà sympathique est secondé par une réalisation sobre et moderne, adaptée au propos. Tout est fait pour servir le jeu, et faire jouer le spectateur.

Vous noterez que j’ai soigneusement évité de parler du casting jusque là. C’est l’autre pierre angulaire du film : avec une telle galerie de personnages, il fallait évidemment sortir l’argenterie. Daniel Craig donc, Chris Evans, Ana de Armas, Jamie Lee Curtis, Toni Colette, Don Johnson, Michael Shannon, Katherine Langford, Christopher Plummer, Frank Oz… et même un caméo audio de Joseph Gordon-Lewitt. Tous jouent admirablement bien et s’en donnent à cœur joie, ça fait plaisir à voir.

Hasard du calendrier, je suis tombé quelques jours avant sur la fin du film Le Crime de l’Orient Express de Lockhart Kenneth Branagh. Je ne l’ai jamais vu en entier, et j’ai zappé sur l’une des scènes finales : Poirot fait face à une galerie de personnage assis dehors dans un décor enneigé, sous la neige. Je vous passe la suite, mais sans vouloir juger du film sur cette simple scène, il y a là un classicisme assumé et… a priori ennuyant. Tout le contraire d’À couteaux tirés qui se construit avec panache et se dévore avec gourmandise. Il parait que Craig souhaite en faire une saga. Et bien je ne crierai pas ici à l’exploitation commerciale : en cas de nouvelle enquête, on se retrouve en salle.


Affiche du film « Terminator Dark Fate »
Affiche du film

Terminator : Dark Fate

Pour finir, des robots. La saga Terminator, c’est compliqué. Le 1 est culte, le 2 (Judgement Day) plus encore. Le 3 (Rise of the machines) est une blague, un clone peu inspiré du 2. Le 4 (Salvation) explore un futur différent et reste assez mal aimé, mais j’aime bien. Le 5 (Genisys) me laisse perplexe. Et voilà le 6e 2,5e opus (j’ignore volontairement la série TV centrée sur Sarah Conor).

Dark Fate fait un pari étrange, une « Superman Return » comme on dit. Il ignore joyeusement les épisodes 3, 4 et 5 pour prendre la suite directe du 2.

La scène d’introduction donne l’intention : Sarah et John Conort profitent d’un repos bien mérité sur une plage ensoleillée, quelque temps après le second film. Soudainement, un T800 apparait et tue John à bout portant avant de repartir comme il est venu. La scène fonctionne super bien. Les rôles ont été recréés numériquement avec les visages d’époque : la technologie est au point et quand on ne s’y attend pas, ça fait un choc. Ensuite, ce simple événement va, de fait, changer le futur. TOUT le futur. Leçon du jour, on peut mettre à la poubelle 3 films et toutes les timelines liées en 2 min (et c’était un joli boxon).

On revient ensuite de nos jours pour découvrir Dani Ramos qui dit au revoir à son père et va travailler à l’usine, avec son frère.

En parallèle, on assiste à l’habituelle arrivée de deux personnages par voyage dans le temps : un homme et une femme. Sans surprise, on nous rejoue ici l’intro de T2 en tentant de nous faire croire que l’un est gentil et l’autre méchant, alors que c’est l’inverse.

Je suis assez partagé sur ce film. Si je suis habituellement toujours partant pour un bon Terminator, prompt à pardonner quelques écarts, je dois admettre que Genisys m’avait refroidi. Ici, c’est différent. Le film ne joue pas aussi gratuitement sur le fan service, pose ses enjeux sans brusquer et la fameuse scène d’intro permet d’adhérer assez rapidement au postulat « vous ne savez pas ce qui va arriver ».

Sauf que si, pas vrai ? Je veux dire, c’est toujours une IA du futur qui envoie un robot tueur dans le passé pour tuer un futur leader, qui se retrouve lui-même protégé par un autre robot du futur (ou presque, twist). Difficile de surprendre avec ça.

Le film tente alors de recycler autrement quelques pièces maitresses : Sarah Conor, encore interprétée par une Linda Hamilton toujours aussi badass. Son histoire prend un tour intéressant, mais tout de même convenu, allant jusqu’à assumer pratiquement le même rôle que dans T2. Le T800, ou du moins l’une de ses nombreuses incarnations, revient à nouveau sous les traits d’un Schwarzenegger grisonnant et plutôt stylé. Bien que révélé tardivement, il est à mes yeux le personnage le plus intéressant, justement du fait du décalage entre sa nature (un robot) et le fait qu’il présente une évolution très marquée (bien plus que dans les précédents films).

Reste le traitement de notre héroïne messianique. Là où James Cameron confinait (oh ho) Sarah Conor au rôle de la mère du sauveur, Tim Miller fait de son personnage la pièce maitresse de la résistance dans le futur. Dans ce contexte, il est également intéressant que pour la première fois, le rôle du « protecteur » envoyé du futur soit également tenu par une femme. Seul le T800 fait office de figure masculine, mais pour une fois on échappe au rôle paternel : le fait de lui donner une famille est ici bien vu et permet d’éviter la répétition. En revanche, le vilain robot est toujours de type masculin, ce qui encore une fois cadre avec le discours du film.

Globalement, mieux que le 5 et le 3, moins bon que le 1 et le 2 et pas si loin du 4 à mes yeux (un sceau de pierre se trouve à côté de votre chaise, si vous souhaitez me lancer des projectiles pour cette dernière confession). Mais avec James Cameron à la production, j’attendais mieux.


To Be Continued